Soirée Roland Petit

Au vu d'un évenement récent, le programme consacré à Roland Petit présenté par l'Opéra de Paris a beaucoup fait parler de lui ces derniers jours. Mais avant qu'Eleonora Abbagnato ne soit propulsé au firmament des étoiles, j'ai pu assister à l'une de ces soirées le week end dernier.

J'y suis allé accompagné de ma soeur, depuis déjà pas mal de temps nous projettions d'aller voir un ballet à Garnier ensemble. Au vu de la saison, ce programme Roland Petit était l'occasion idéale. A cause d'un système de billetterie archaïque, nous n'avons pu être placé à côté. Elle se retrouvant en baignoire et moi en loge au 3ème étage. Moi qui pensais ne pas pouvoir voir grand chose j'ai été surpris de la bonne visibilité de ma place, à l'exception d'un petit angle mort je vois parfaitement bien et je suis tout prés de la scène. Autre point positif l'Opéra n'a pas réussi à vendre les autres places de la loge (ou alors les propriétaires ne sont pas venu) j'avais donc une loge pour moi tout seul (j'avais proposé à ma soeur de me rejoindre à l'entracte mais sa place en baignoire était également très bien). C'est dans ces moments là que j'ai envie de me lever en chantant "Can it be... Can it be Christine?". (Oui je viens de citer du Andrew Lloyd Webber, sachez que je m'en veux...). Mais assez parler de mon installation place au spectacle!

Le Rendez Vous:

La soirée débute avec le ballet Le Rendez Vous. Le rideau s'ouvre sur un chanteur et un accordéoniste qui entame l'air des "Enfants qui s'aiment" devant une toile de Picasso. L'ambiance est planté, nous voilà dans le vieux Paris. Puis une foule de danseurs arrive sur scène, parmi lesquels se trouve un Bossu virvoltant, interprété par l'excellent Hugo Vigglioti qui m'avait déjà beaucoup plu en Sancho Pança dans Don Quichotte. J'espère qu'il aura l'occasion d'interprété des rôles plus importants car on sent bien son potentiel! Soundain Nicolas Le Riche fait son entrée. A un an de la retraite il a encore tout d'un jeune homme. Il danse peu, mais chaque mouvement qu'il fait sont magnifique, le voir évolué sur scène est un plaisir. Michaël Denard, alias le Destin, arrive jouer les troubles fêtes. Son apparition est très courte mais il impose d'emblé une ambiance inquiétante. Une fois reparti le jeune homme continue de s'amuser avec le bossu quand arrive celle que tous le monde attendait, Isabelle Ciaravola. Son rôle est celui de "La Plus Belle Fille du Monde", le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle n'a pas beaucoup à se forcer. Cette femme est magnifique! Juché sur ses talons aiguilles qui mettent ses magnifiques jambes encore plus en valeur elle campe un personnage glamour et venimeux à souhait. On ne peu plus la quitter des yeux. Avec Nicolas Le Riche elle danse un pas de deux magnifique mais hélàs trop court. Elle trouve la lame de rasoir qu'il a dans sa poche et s'en est fini de lui. Elle s'en va sans lui lancer un regard. Dommage que le pas de deux final ne soit pas plus long, car le début, même si je l'ai beaucoup apprécié, semble comme un prologue à l'arrivé de la fille. Au moment des saluts je me suis rappelé que la saison prochaine les deux étoiles partirait à la "retraite" et que c'était probablement la dernière fois qu'ils dansaient ce ballet ensemble... Oh monde cruel!

Crédit photo: Blog à Petits Pas

Le Loup:

Après une petite pause de quelques minutes la soirée se poursuit de plus belle avec Le Loup. J'avais entendu tellement d'horreur sur ce ballet que je m'attendais à une vieillerie ennuyeuse et kitsch à souhait. Alors oui c'est kitsch (mais ça ne m'a pas vraiment dérangé) mais ce n'était pas du tout ennuyeux. Tout m'a charmé dans ce ballet, la musique, la chorégraphie, l'argument et même les décors et les costumes. Sans oublier les danseurs! Ce soir là deux jeunes danseurs faisaient leurs prises de rôles, le premier danseur Audric Bézart était le Loup et la Sujet Amandine Albisson était la jeune fille. Et ce fut une belle prise de rôle que nous ont offert les deux danseurs. Tous deux parfait d'un point de vue technique ils nous ont livré une très belle interprétation de leurs personnages et ils ont une belle alchimie. Les pas de deux était magnifique et la scène finale était prenante. N'oublions pas les seconds rôles avec Caroline Robert en gitane piquante et garce à souhait et Alexandre Gasse parfait en jeune premier imbu de lui même. Au moment des saluts, Audric Bézard et et Amandine Albisson ont reçu une ovation du public bien mérité, et une fois le rideau baissé on pouvait entendre les cris de joie des membres du corps de ballet félicitant leurs camarades pour leurs début réussi. Si c'est pas mignon?

Carmen:

Comme le veux l'adage, le meilleur pour la fin. Cette soirée Roland Petit n'échappe pas à la règle et le spectacle se clôture avec le chef d'oeuvre de Roland Petit, Carmen! J'avais déjà vu le ballet dans son intégralité sur YouTube donc je savais à quoi m'attendre, ce fut au delà de mes espèrances. Déjà il y a la musique de Bizet que j'adore, et puis Roland Petit a crée une superbe chorégraphie pour ce ballet. Le passage de la taverne est grisant et la scène de la chambre est juste magnifique! Ce soir le rôle de Carmen était confié à l'une des plus célèbres étoiles de l'Opéra, Aurélie Dupont. Elle n'est peut être pas la plus explosive des Carmen mais rien que de la voir danser en vrai est un plaisir. Ses variations était sublimement bien dansé et elle était très sexy dans ses petites tenues et sa perruque courte qui lui allait très bien. Elle avait pour Don José le blond Karl Paquette, mais qui justement ce soir là n'était pas blond. J'ai failli tombé de ma chaise en le voyant arrivé les cheveux plaqués et noir foncé. Mais il faut admettre que ça lui va plutôt bien. Il campait un Don José froid et autoritaire de l'extérieur, mais on sent bien que quelque chose bouillone en lui. Il n'est peut être pas le danseur le plus virtuose de l'Opéra mais il est en tous cas un excellent interprète! Les deux étoiles formaient un très beau couple, même si par moment je trouvais qu'il manquait de tension, le pas de deux de la chambre était très beau. Côté second rôle j'ai adoré le trio des brigands composé de Mathieu Botto, qui était également le montreur de bête sur Le Loup, François Alu, le jeune prodige de la compagnie qui j'éspère ira loi, et Valentine Colasante, la nouvelle première danseuse dont la nomination fut énormement contesté, en ce qui me concerne c'est la deuxième fois que je la voie sur scène et je trouve qu'elle mérite largement son titre, ce soir là elle était fabuleuse. N'oublions pas Guillaume Charlot, très drôle en Escamillo! Pour finir je tenais à féliciter Peggy Dursort, qui était dans le corps de ballets des trois ballets de la soirée (et puis elle était toute mignonne en petite fleuriste dans Le Rendez Vous).

C'était donc une magnifique soirée qui est passé bien trop vite et qui m'a confirmé une chose: j'adore Roland Petit! Vivement Notre Dame de Paris la saison prochaine!

Je vous laisse avec le pas de deux final de Rendez Vous avec les fantastiques Nicolas Le Riche et Isabelle Ciaravola: