La Belle au Bois Dormant (Ludmila Pagliero/Josua Hoffalt - Myriam Ould Braham/Mathias Heymann)

Maintenant que Noël est passé nous pouvons reprendre le cours normal des choses et reprendre les comptes rendus en retard. Le tout se fera dans un ordre pas très chronologique mais profitons que ce soit encore frais dans ma tête (le reste peu bien attendre quelques jours de plus). Revenons donc sur les deux dernières représentations de La Belle au Bois Dormant auquel j'ai assisté mettant en vedette les (rares) étoiles de la compagnie qui se sont frottées à ce grand classique. Il s'agit de Ludmila Pagliero et de Josua Hoffalt (vu le 21 décembre) et de Myriam Ould Braham et Mathias Heymann (vu le 25 décembre, cadeau de moi à moi).

Commençons par le commencement avec la distribution du 21. Places à la base prise à l'aveuglette devant y emmener ma mère et ma sœur, mais ma mère a finalement eu un empêchement et ma sœur n'était plus très motivée (à la place elle a vu Le Parc le soir de la nomination d'Alice Renavand et fut comblé). J'ai donc revendu leurs places mais j'ai gardé la mienne. Car le hasard faisant bien les choses, à la loterie des distributions je suis tombé sur Ludmila Pagliero, celle que j'attendais le plus dans ce rôle suite à sa superbe Sylphide en juin dernier. Elle fut largement à la hauteur de mes attentes. Dès son entrée elle campe une Aurore primesautière, vive et enjouée. Sa technique superlative lui permet de survoler toutes les difficultés de ce rôle. Son Adage à la Rose était magistrale. Ce qui est bien avec Ludmila Pagliero c'est qu'on peut la regarder danser sans qu'on ait peur qu'elle ne vienne pas à bout. Mais au delà de ses capacités techniques elle a su camper la jeune princesse tout du long avec une belle évolution, passant de la jeune fille à la femme accomplie lors de son mariage. Contrairement à la première, ici c'est Aurore la star de la soirée (et pour La Belle au Bois Dormant ça semble plutôt logique).
A ses côtés Josua Hoffalt faisait son come-back après un an loin de la scène pour cause de gros bobos. Come back très réussi j'ai envie de dire! Si il n'a pas la poésie d'un Mathieu Ganio il campe tout de même un très beau prince. Rien à dire sur le plan technique, chacune de ses variations étaient bien maîtrisé (à l'exception d'un petit accroc lors de la coda finale), mention spéciale à sa variation lente où le temps était comme suspendu. Il formait avec Ludmila Pagliero un très beau couple et le pas de deux du IIIème acte est devenu l'apothéose qu'il doit être.

Le 25 c'était donc Myriam Ould Braham et Mathias Heymann qui officiaient dans les rôles principaux après avoir volé la vedette au couple princier le soir de la première dans le pas de deux de l'Oiseau Bleu.
Je pense qu'on peut dire que la star de la soirée fut Mathias Heymann. J'avais déjà pu apprécier ses grandes qualités techniques en Oiseau Bleu mais le voir dans un rôle complet ça fait son effet. On oublie que ses variations sont truffées de difficultés tant tout semble facile pour lui. Il fut d'ailleurs ovationné à la fin de chacune d'elles, en particulier à la fin de sa variation lente (décidément se passage réussit bien à nos étoiles) alors que je ne l'imaginais pas vraiment dans ce registre plus retenue, l'un des plus beaux moments de la soirée.
Son Aurore, Myriam Ould Braham est la princesse idéale, mais elle semblait en petite forme ce soir là. Après une entrée fracassante et un très bel Adage à la Rose, elle a connu pas de mal de petit accroc dans ses variations et semblait un peu tendu par moment. C'est d'autant plus dommage qu'on sent qu'elle est faite pour ce rôle et qu'il ne manque pas grand chose pour être complètement enthousiaste!
Ici aussi le partenariat fonctionne à merveille et les deux étoiles forment un très jolie couple. Le pas de deux final fut magnifique, malgré les grosses frayeurs qu'ils m'ont fait lors de la diagonale de portés poissons. Je ne sais pas comment il la prenait mais ça l'a désaxé dans ses tours et j'ai redouté la catastrophe à chaque fois.

Côté seconds rôles, j'ai eu le droit les deux soirs à un très beau spectacle.

J'aime toujours autant le prologue des Fées même si il n’atteint pas celui de la première. Je tiens à saluer Héloïse Bourdon et Marie-Solène Boulet pour se lancer dans la bien ingrate première variation qui soir après soir récolte le minimum syndicale d'applaudissements polis.
Dans la variation des fées jumelles j'ai eu le droit les deux soirs à Sae Eun Park, soit avec Lydie Vareilhes, soit avec Leonore Baulac (alors que Lydie Vareilhes était toujours indiqué sur la feuille de distribution). Je doit dire que je n'accroche pas avec Sae Eun Park, elle est impeccable techniquement mais ne me fait aucun effet. La voir avec Léonore Baulac était flagrant, d'un côté on avait une danseuse qui exécutait fort bien les pas, de l'autre une qui dansait.
Dans la troisième variation Emilie Hasboun (qui remplaçait Laura Hecquet) et Amandine Albisson font de très jolies choses (j'ai d'ailleurs hâte de voir cette dernière en Aurore), mais j'ai du mal à me passionner pour cette variation, pourtant moins ingrate que la première.
Les deux soirs j'ai eu droit à la délicieuse Marion Barbeau en Fée Canari et la piquante Fanny Gorse en Fée Violente. Des danseuses à suivre!
Et enfin dans la Sixième fée j'ai eu le droit le premier soir à Valentine Colasante, très bien techniquement mais un peu tendu, et Aurélia Bellet le second, qui a fait de très belles choses, ce qui est plutôt de bonne augure pour sa prise de rôle en Aurore le 3 janvier (bien évidemment je serais là. Je n'allais pas louper les débuts de Vincent Chaillet dans le rôle du prince).

Du côté des divertissements du mariage il y avait également du très bon. (Je crois en fait que c'est ce que je préfère dans La Belle au Bois Dormant, ces enchaînements de demi-solistes! Que ce soit le Prologue ou le Mariage).
Le Pas de Cinq des Pierres Précieuses fut très bien mené que ce soit avec Sabrina Mallem et Julien Meyzindi ou avec Héloïse Bourdon et Pierre Arthur Raveau (qu'on aurait aimé voir dans le rôle principal tant il semble fait pour ça!). Dans le trio j'ai particulièrement remarqué la radieuse Hannah O'Neill en Rubis que j'ai bien envie de voir en fée maintenant.
Dans le duo des chats, si Aubane Philbert et Daniel Stokes étaient très bon, le duo formé par Axel Ibot et on-ne-sait-qui est pour moi le meilleur que j'ai vu sur cette série! (Lydie Vareilhes est indiqué sur la distribution, tout comme elle l'était sur sur la deuxième variation des fées alors que c'était Leonore Baulac sur scène. Si quelqu'un peut me dire le nom de cette danseuse je suis preneur!).

Puis il y a le fameux pas de deux de l'Oiseau Bleu. Le 21 décembre c'est Axel Ibot et Eve Grinsztajn qui officiaient. Si Axel Ibot n'a pas la virtuosité de Mathias Heymann il fait un très bel Oiseau Bleu. Malgré une chute regrettable il a exécuté une très belle variation. Quand à Eve Grinsztajn elle est remarquable de style. (J'ai d'ailleurs pris mon courage à deux mains pour faire ma groupie à la sortie des artistes. J'ai donc un jolie autographe sur la fiche de distribution).
Le 25 c'était au tour de François Alu et Valentine Colasante. François Alu est impressionnant de facilité, ses sauts sont hauts et il enchaîne les pirouettes comme si de rien n'était. Mais j'ai trouvé qu'il dansait trop en force et son Oiseau faisait plus ''brutes de décoffrage'' qu'aérien... A ses côtés Valentine Colasante était délicieuse. (Il faudrait compter le nombre de représentations de cette série où elle n'a pas dansé, il doit y en avoir bien peu.)

On remarquera également la toujours impériale Carabosse de Stéphanie Romberg. Nolwenn Daniel vu dans le même rôle s'en sort très bien mais ce n'est pas pareil. Puis Nolwenn Daniel je préfère la voir les pointes aux pieds. (Souvenir de sa Prudence en début de saison...).

Le corps de ballets quand à lui si il était toujours très en place le 21, accusait un peu la fatigue le soir du 25. Et quand on est placé en galerie, ça ne pardonne pas pour les alignements.

Décidément je ne m'en lasse pas de cette Belle au Bois Dormant. Si tout va bien le prochain épisode aura lieu demain pour voir Amandine Albisson en Aurore, puis le 3 janvier pour la prise de rôle de Vincent Chaillet.