Sunday in the Park with George

En France, quand on est un fervent croyant comme moi, il est difficile d'honorer Dieu! Fort heureusement, Jean Luc Choplin, le directeur du Théâtre du Châtelet qui a toute mon admiration et mon estime, nous permet en ce beau mois d'avril de faire notre devoir. C'est donc en ce début de vancance d'avril que je me suis rendu sur Paris pour voir l'un des chef d'oeuvre de Stephen Sondheim (c'est lui Dieu, pour ceux qui viennent d'arriver), Sunday in the Park with George! 

Mais je peux vous dire que ma foi a était mise à l'épreuve. Imaginez un peu, moi sortant du train avec ma grosse valise qui ne roule plus, m'entassant dans la ligne 14 rempli de touristes qui se collent les uns aux autres, les tapis roulant de la station Châtelet qui ont décidé qu'ils ne fonctionneraient pas ce qui fait que personne n'ose les emprunter, ce qui crée des embouteillages sur les côtés (là pour le coup j'avais de la place pour avancer à une vitesse convenable), ma valise devenant de plus en plus lourde et la pluie qui s'abat sur moi à la sortie du métro. Mais mon dévouement fut plus fort que tout!

Sur place je retrouve ma soeur qui a décidé de tenter la file des places de dernières minutes. Là bas je retrouve également Symphilein qui est sur la capitale pour les mêmes raisons que moi. En attendant que le guichet ouvre, la personne se trouvant derrière ma soeur et moi commence à nous demander si nous connaissions l'oeuvre. Puis la conversation s'enchaîne sur la situation des comédies musicales en France. Cet homme se trouve être intermittent du spectacle et pense que nous le sommes aussi, il nous a également demandé si nous étions danseurs. Sans le savoir il a satisfait mon égo pour au moins les deux mois à venir! Le guichet ouvre, la pression monte (enfin pas trop pour moi, grâce à la carte jeune j'ai eu une place en Cat 2 à 15 euros, et ce depuis septembre). Au final Symphilein et ma soeur ont obtenu le précieux sésame, ils sont tous deux en catégorie 1, c'est-à-dire mieux placé que moi (m'en fou j'ai payais 5 euros de moins!). Il est temps de se rendre au théâtre et de poser ma lourde valise au vestiaire, au grand désespoir des chargés de vestiaire, puis je prend place au fond de l'orchestre, d'où je vois très bien soit dit en passant.

Alors le spectacle? Sunday in the Park with George, n'est pas l'oeuvre de Sondheim que je connais le mieux. J'avoue qu'au début je n'ai pas complétement accroché aux chansons, mais comme la majorité des chansons du maître il faut deux ou trois écoutes avant de tomber complétement sous le charme. Après une semaine à m'écouter l'album en boucle j'étais prêt à apprécier ce spectacle, et je ne fût pas déçu!

Quand on va voir une comédie musicale au Théâtre du Châtelet, peut importe laquelle, on est garanti de voir une magnifique production avec un grand et bel orchestre dirigé par un chef d'orchestre craquant au possible et une belle troupe d'artiste, qui même si la plupart viennent du monde lyrique, s'adaptent parfaitement aux comédies musicales. Et pour ce Sunday, ces conditions sont encore une fois réunies!

Ne vous fiez pas aux photographies du spectacle (pourtant très belle) que l'on peut voir, elles ne rendent pas justice à la beauté de cette production qui utilise habillement les effets de projection et les différentes tournettes présentent sur la plateau. C'est la que je suis content d'être placé en orchestre et non en balcon, comme ça que vois le mouvement sans apercevoir le mécanisme. Et puis ce spectacle est comme un tableau, il faut le voir de face et non en hauteur! Le tableau de Georges Saurat est donc magnifiquement recrée à la fin des deux actes pendant que toute la troupe chante "Sunday". C'est beau, ça fout des frissons et j'ai failli verser quelques larmes!

La troupe parlons en! Pour une fois les deux rôles principaux ne sont pas interprétés par des chanteurs d'opéra mais bien par des performers du West End, pour qui c'était les débuts sur la scène du Châtelet. Julian Ovenden et Sophie Louise Dann assurent brillamment leurs rôles aussi bien sur le plan vocal, la plupart des chansons reposent sur eux, que du jeux. Gros coup de coeur tout de même pour Sophie Louise Dann qui passe aisément du rôle de Dot à celui de la grand mère Marie, puis son "Sunday in the Park with George" était grandiose. Quand à Julian Ovenden en plus d'être hyper talentueux il est beau. Très beau. Et marié. Un peu trop marié. C'est dur la vie...

En plus du couple principal, le spectacle propose toute une galerie de seconds rôles haut en couleur! Les deux adorables Celeste de Rebecca Bottone (oui encore elle) et Francesca Jackson, Jules l'artiste snob joué par Nickolas Grace et sa femme Yvonne magnifiquement interprétée par Berverley Klein qui arrive à rendre attachant ce personnage peu aimable au premier abord (elle est également très bonne en critique d'art au deuxième acte), le couple Franz/Frieda (Damian Thantrey/Christine Buffle qui fait des merveilles au deuxième acte en compositrice excentrique) le soldat de David Curry, le "Boatman" de Nicholas Garrett (mais qui m'a plus marqué au deuxième acte dans le rôle de Dennis) ou encore la Nurse de Jessica Walker. Mention spéciale à Rebecca de Pont Davies, que j'avais bien aimé en mendiante dans Sweeney Todd (même si un peu trop lyrique), qui était très touchante dans le rôle de la mère de Georges, et qui est devenu méconnaissable au deuxième acte campant l'ex femme de George.

Ne connaissant l'oeuvre que depuis peu, je ne peux pas dire grand chose en ce qui concerne les nouvelles orchestrations. Je peux juste dire que l'Orchestre Philarmonique de Radio France a fait de l'excellent travail sous la baguette de David Charles Abell! Quel plaisir de voir sa tête dépasser de la fausse, et de le voir saluer!

Quel bonheur donc de pouvoir admirer un chef d'oeuvre de Sondheim dans d'aussi bonne condition en plein coeur de Paris. Merci, merci et encore merci Jean Luc Choplin. Maintenant j'attend Into the Woods avec impatience!