Ballet de l'Opéra de Paris - Bilan de la saison 2012/2013

Comme je l'ai dit lors d'un précédent article, le ballet de l'Opéra de Paris a donné ses dernières représentations le 15 juillet. Pour les 150 danseurs de la troupe c'est le moment de prendre des vacances bien mérité avant de revenir en septembre avec un programme très chargé entre la tournée au Bolchoï avec Paquita et La Dame aux Camélias à Garnier. Pour les blogueurs c'est l'occasion de faire le bilan de la saison passé (d'ailleurs le 22 juillet, l'excellent blog Danses avec la plume remettra ses Plumes d'Or). L'heure étant au bilan de me lance donc dans l'exercice.

C'était la première saison où je me rendais à l'Opéra de Paris. A l'annonce de celle ci je fut assez déçu par la programmation. Trop de contemporain, pas assez de classique, trop de soirée mixte qui ne m'inspirait pas grand chose, j'étais parti pour ne pas prendre souvent les chemins de Garnier et de Bastille. Et puis au final je me suis retrouvé à la rentrée avec l'envie de voir tous les programmes proposés. Mais n'étant pas sur Paris il m'était impossible de tous voir. Il a donc fallu faire des choix cornéliens. Au final j'ai vu cinq des dix spectacles proposés, chacun une fois. Je vous l'accorde, c'est un peu faible pour faire un bilan, mais j'en avais envie. Vous ne voulez pas le priver de ce plaisir non?

Spectacle de la saison - Soirée Roland Petit:

Sur le papier, c'était la soirée que me plaisait le plus. Roland Petit est un chorégraphe que j'aime beaucoup. J'avais déjà eu l'occasion de voir plusieurs de ses oeuvres en vidéo et à chaque fois ça m'avait beaucoup plus. Içi, à l'exception de Carmen, je ne connaissais aucun des ballets. J'ai donc découvert avec plaisir Le Rendez Vous et Le Loup, deux ballets très différents que j'ai adoré. Les deux étaient servis par une belle distribution qui marquait un passage de relais. En effet, Nicolas Le Riche et Isabelle Ciaravola, à un ans de la retraite, dansaient pour la dernière fois Le Rendez Vous, tandis qu'Audric Bézard et Amandine Albisson faisaient leurs débuts sur Le Loup. Quand à Carmen, les 45 minutes que durait le ballet étaient magiques. La musique de Bizet, la superbe chorégraphie et mise en scène crée par Roland Petit, les décors, les costumes et les interprètes (Aurélie Dupont n'est certes pas la meilleure Carmen qu'ils puissent exister, la beauté de sa danse m'a conquis) m'ont ébloui. De plus j'ai vu le spectacle dans d'excellente condition. Pour moi, c'est donc la meilleure soirée de la saison (même si je dois bien être le seul à penser ça).

Le danseur de la saison - Vincent Chaillet:

Ma première soirée à l'Opéra était en décembre lors d'une des dernières représentations de la longue série de Don Quichotte. Ce soir là le rôle de Basilio était tenu par Vincent Chaillet. Il sera donc à jamais le premier danseur de l'Opéra que j'ai vu. Il avait livré une magnifique performance, a fait preuve d'une très belle technique et il était complètement son personnage. J'étais plus que sous le charme (et ce n'est pas que à cause de sa belle gueule, même si elle ne me dérange pas du tout). Et puis le hasard des distributions à bien fait les choses, j'ai donc eu l'occasion de le voir dans le rôle de l'Âme dans La Troisième Symphonie de Gustav Mahler, où le pas de trois qu'il exécutait avec Nolwenn Daniel et Mathieu Ganio était l'un des meilleurs moments de la représentation (bien que complétement déconnecté du reste de l'oeuvre), et récement en James dans La Sylphide. Il faisait sa prise de rôle ce soir là et il était époustouflant (j'ai d'ailleurs éspéré une nomination à la fin de la représentation). C'est donc un magnifique danseur que j'ai pu voir cette saison, aussi à l'aise dans les grands ballets en 3 actes que dans les oeuvres plus abstraites. Il va falloir compter sur lui les prochaines années.

La danseuse de la saison - Isabelle Ciaravola et Eve Grinsztajn:

Ce sera plutôt les danseuses, étant donné qu'elles sont deux à m'avoir particulièrement marqué cette saison. La première c'est Isabelle Ciaravola que j'ai vu pour la première fois sur la soirée Forsythe/Brown où elle dansait O Zlozony/O Composite. Si l'oeuvre en elle même m'a plutôt ennuyé, elle y était radieuse. Mais la claque est venu lors de la soirée Roland Petit quand elle dansait La Plus Belle Fille du Monde dans Le Rendez Vous. Perché sur ses talons aiguilles elle était séduisante et venimeuse à souhait. L'incarnation même de la femme fatale. Elle était également magnifique dans le rôle de l'Ange dans La Troisième Symphonie de Gustav Mahler. La saison prochaine sera sa dernière, il ne faut pas la louper.

La deuxième danseuse est Eve Grinsztajn. Je l'avais déjà bien remarqué sur plusieurs extraits vidéos de ces performances, mais c'est en la voyant sur scène que je l'ai vraiment trouvé exceptionnel. Je l'ai donc découvert en soliste du 3ème mouvement de La Troisième Symphonie de Gustav Mahler où elle était boulversante. Quand elle entré sur scène j'étais hypnotisé. Puis j'ai eu la chance d'assisté à sa prise de rôle dans en Effie La Sylphide où elle s'en est sorti à merveille, donnant un peu plus de profondeur à se rôle ingrat. Une très belle danseuse, hélàs sous-distribué, qui ferait des merveilles dans les grands rôles dramatiques. Elle est annoncé comme remplacante sur le rôle titre de La Dame aux Camélias, pourvu qu'elle ait une date. Après le départ d'Agnès Letestu et Isabelle Ciaravola, l'Opéra va manquer de grandes tragédiennes, Eve Grinsztajn pourrait bien prendre la relève.

Passons maintenant aux prix toutes catégories confondus. Dans la catégorie...

"Elle ira loin cette petite": Amandine Albisson, vu dans Le Loup. Assurance, charisme et très belle technique. La jeune femme n'est encore que sujet et pourtant elle a été très bien distribué tout au long de la saison, de la Reine des Dryades à la Sylphide en passant par In the Middle, Le Loup et Afternoon of a Faun. Ça ne m'étonnerait pas qu'on la voit sur le rôle titre de La Belle au Bois Dormant en décembre prochain.

"Mais sortez le du corps de ballet": Sébastien Bertaud, tout simplement hallucinant dans Pas./Parts. De ce ballet j'ai plus retenu l'énergie de groupe communicative que les solistes à par lui. Sur scène il éclipsait tous le monde (alors qu'il y avait Agnès Letestu dans le lot!!!). J'ai été choqué, que dis je scandalisé, d'apprendre qu'il n'était que Coryphée et ce depuis 2005... De la soirée Forsythe c'est donc la performance d'un Coryphée qui m'a le plus marqué, oubliant celle livré par les six (sept maintenant) étoiles programmé ce soir là.

"Les sauveurs de l'humanité": Ludmila Pagliero et Karl Paquette, parce que sans eux, l'Opéra aurait eu du mal à boucler sa série de Don Quichotte. A eux deux ils ont assurés plus de la moitié des représentations de la série, les 3/4 du temps ensemble (le reste du temps il dansé avec Dorothée Gilbert et elle avec Mathieu Ganio). Une fois Don Quichotte terminé, Karl Paquette a du jouer les héros sur La Troisième Symphonie de Gustav Mahler et Afternoon of a Faun tandis que Ludmila Pagliero est devenu la seule étoile féminine valide sur la série de La Sylphide. Avant les remplaçants étaient des premiers danseurs ou des sujets, aujourd'hui c'est des étoiles.

"Le casse tête chinois": Les changements de distribution inscessant, en particulier sur Don Quichotte et La Sylphide. A se blesse, il est remplacé par B qui doit être remplacé sur ses dates par C, mais D qui devait danser avec C se retire faute de partenaire, finalement C revient mais danse avec E. Puis d'un coup F disparait des distributions, comme ça, sans prévenir. G qui n'était pas prévu rapplique avant de disparaitre tout aussi mystérieusement. Et j'en passe. Et tout ceci reprendra bien évidemment l'année prochaine pendant La Belle au Bois Dormant (et bien d'autre programmes).

"Le plus distribué de la saison": D'après mes savants calculs c'est Vincent Chaillet qui arrive en tête avec 56 représentations. D'un côté participer à toutes les créations contemporaine à une seule distribution ça aide. (Petite précision, mon système de comptage ne prend en compte que les représentations effectué à Garnier ainsi que celle faites lors des tournées du ballet) (Autres précisions, je n'ai fait ça que pour les étoiles et premier(e) danseu-r-se-s).

"Le feuilleton": Le concour de promotions, et plus particulièrement celui des femmes, et encore plus particulièrement les résultats de celui des sujets qui a fait couler beaucoup d'encre. Des cris, du sang, des larmes, des joies (oui un peu de temps en temps) et pendant ce temps là je parcourrais les blogs et forums pour lire les commentaires en mangeant du pop-corn. Pour ce qui est du résultat en lui même, moi je l'aime bien Valentine Colasante.

"C'est frais comme une bulle de champagne": Le 2ème mouvement de La Troisième Symphonie de Gustav Mahler. Après la force et la puissance et les ensembles désynchronisé du 1er mouvement, voir débarquer sur scène les pétillantes Charline Giezendanner et Mathilde Froustey accompagné de Fabien Révillon et d'Axel Ibot ça fait du bien. Un peu de douceur dans ce monde de brute.

"Le sourire Colgate": Muriel Zusperreguy et son immense sourire. Que vous soyez au premier rang de Garnier ou au fin fond du parterre de Bastille vous ne pourrez pas le louper. Ça peut paraître agaçant, au contraire, sa joie est communicative.

Et pour terminer "Le Tweet de l'année":

Au passage, si vous trouvez qu'il n'y a pas assez de triomphe dans votre vie, suivez l'Opéra de Paris sur Twitter!

La saison est donc terminé. Prochain rendez vous le 24 septembre pour la première de La Dame aux Camélias.